Les Batailles de l'Empereur ( 5 )
TRIUMPH & GLORY / JOURS DE GLOIRE
Notre présentation suivante porte sur deux séries très proches, issues d'un système conçu par R. Berg pour le jeu Glory ( batailles de la Guerre de Sécession ), bien qu'on y retrouve toute une série de concepts utilisés par le même auteur dans The Battles of Waterloo. La série de R. Berg lui-même, Triumph & Glory, a vu sortir à ce jour deux boîtes sur les affrontements franco-autrichiens et la massive bataille de Borodino en 1812. La série dérivée de F. Bey suit quand à elle le bicentenaire de la Révolution et de l'Empire, comptant depuis lors de nombreuses batailles couvrant les années 1796 à 1810. Baptisée Jours de Gloire, elle est aussi la base d'un Trophée dit du Bicentenaire organisés par le même F. Bey tous les ans en région parisienne. Si les deux règles ont évolué chacune de son côté, elles partagent à mon sens assez de caractéristiques pour être présentées de concert. JdG sera distinguée par un commentaire bleu lorsqu'il y a lieu.
Qualité matérielle 3/5 : le matériel de T&G est joli sans être extraordinaire. Les cartes sont agréables et fonctionnelles, alors que les pions colorés arborent des silhouettes de petite taille et trop génériques. Le tout s'intègre bien ensemble, ce qui est une bonne chose ! Pour Aspern-Essling ( dernier opus acheté ), on franchit clairement un seuil de qualité : les magnifiques silhouettes de P. Da Silva éclairent les pions, le tout évoluant sur l'une de ses plus belles cartes, pour une note rehaussée à 4/5. La majeure partie de la série est par contre au format DTP ou magazine ( impressions à l'encre dans le premier cas, pions à monter ), et ne dépasse donc pas les 3/5 ( d'autant que les premières cartes ne sont clairement pas au niveau des plus récentes ).
Complexité 2/5 : le système est assez simple à appréhender et à mettre en oeuvre, même si les règles originales étaient truffées d'approximations. La version 2.0 parue avec Borodino ou téléchargeable dans les Living Rules de GMT a largement corrigé le tir depuis. Avec 15 ans d'existence et ses nombreuses parutions révisées, JdG est aujourd'hui bien rôdée et tourne sans aucun problème. Un atout important pour le débutant ou le compétiteur.
Jouabilité 3.5/5 : les parties de T&G sont vraiment agréables, du moins pour les batailles de format modéré. Derrière la simplicité des mécanismes, les choix tactiques sont nombreux, tandis que le système à base de tirage de chits induit son habituelle incertitude. Les tours peuvent par contre devenir fastidieux et brouillons sur des batailles importantes. Il faut dire qu'un choc sans subtilité comme Borodino n'est sans doute pas la meilleure manière de valoriser la mécanique de jeu... Rien de spécial à ajouter, sinon que les batailles sont parfois bien choisies et stimulantes, parfois non ( les Pyramides ). Un 4/5 pour les meilleurs situations, qui descend à 2 ou 3 pour d'autres, et avec par ailleurs un Austerlitz qui n'échappe pas aux limites évoquées plus haut de par sa taille inadéquate.
Historicité 2.5/5 : il faut bien admettre que si un vernis historique est bien présent, on ne peut qu'être déçu sur ce plan pour peu que l'on en demande un peu plus. Oscillant de manière incertaine entre le tactique pur et l'opérationnel style Last Battles, le jeu a du mal à percer d'un côté ou de l'autre. Pas de formations ( hors l'incontournable carré ), pas d'attrition, une représentation minimaliste des chefs, autant de points qui marquent l'habitué des batailles napoléoniennes. Si la double activation des formations à chaque tour oblige à faire des choix plus réfléchis que dans The Battles of Waterloo, sa combinaison au système de chits donne des résultats pas forcément convaincants dans l'exécution. D'autant que les ordres se limitent à garantir à une formation toute latitude d'action, donnant une fois encore au joueur une liberté totale et irréaliste sur le comportement individuel de ses unités. L'historicité de JdG est du même niveau, globalement sacrifiée à la simplicité. L'auteur a certes tendance à accumuler les règles spéciales tendant à reproduire les événements réels, mais cela ne rend pas la structure elle-même plus réaliste.
Conclusion : deux bonnes séries pour les débutants, mais aussi pour les joueurs cherchant des jeux simples, amusants, sans être généralement trop longs. Par contre, les joueurs exigeants en termes de simulation et d'historicité, ou davantage intéressés par les affrontements de grande ampleur, se tourneront plus volontiers vers les gros chevaux de bataille de la période !